Aujourd’hui la femme

Aujourd’hui la femme

par Jacques Salomé

Je ne crois pas qu’il soit souhaitable (malgré la prédiction superbe d’Aragon) de continuer à confiner la femme dans l’avenir de l’homme, je crois surtout qu’elle est son présent.

Son présent à temps plein, si chaque homme sait entendre aussi la part de féminin qu’il y a en lui. Son présent à chaque instant pour pouvoir goûter sans hésiter toutes les nuances et les subtilités qui traversent l’infini d’un échange, l’accomplissement d’un partage.

Un présent pour lui rappeler la douceur de vivre, pour lui permettre de garder les yeux ouverts sur les miracles permanents de la vie, pour le confirmer sur la nécessité aussi de construire l’avenir avec autre chose que des armes, des OGM ou des pesticides.

Un présent à apprivoiser au quotidien, à vivre non pas à part égale mais avec équité, c’est à dire selon les besoins vitaux de chacun, qui comme chacun le sait ne sont pas les mêmes pour l’un et pour l’autre.

Je garde pour la femme, pour toutes les femmes un regard toujours étonné, émerveillé et aussi prudent. Car je sais mes maladresses, mes conditionnements, mes erreurs passées, mes aveuglements actuels et je ne voudrais éviter au maximum les errances et les malentendus à venir. Ne plus perdre du temps à m’égarer quand je suis avec elles. Je voudrais être à même de mieux m’accorder avec chacune, cela veut dire aussi, pouvoir maintenir vivant le sentiment que nous pouvons échanger et partager sans avoir besoin de nous dominer ou de disqualifier mutuellement.

Je sais combien nos attentes et nos rêves sont différents, portés par des dynamiques qui parfois pourraient s’opposer et même s’annuler, je sais aussi que nous avons à apprendre, nous les hommes, à mieux communiquer, c’est à dire à mettre en commun avec elles.

C’est peut-être notre insuffisance la plus grande, cette difficulté à témoigner de nous, à exprimer nos sentiments, à reconnaître nos émotions, à oser se dire au plus près de ce que nous ressentons sans nous laisser piéger par des discours sur les autres ( ce dont nous sommes friands), sur ce qui se passe ailleurs (comme si le lointain était plus important que le prochain), sur les grands fléaux de l’humanité (sur lesquels nous avons tellement d’idées et de solutions) sur les censures que nous exerçons sur nous – mêmes à partir d’une répression imaginaire envahissante (quand nous pensons à la place de l’autre qu’il ne peut pas, qu’il ne saura pas, qu’il va penser que…).

Aujourd’hui la femme, dans chaque instant, car je crois qu’elles ne posent pas le même regard que nous les hommes sur les choses de la vie sur l’amour, sur le plaisir, sur les enfants, sur l’éducation, sur l’écologie, sur la nécessité de vivre au présent. Et qu’il me paraît important d’entendre ce regard, de le laisser naviguer en nous pour le confronter à nos propres croyances et certitudes.

Aujourd’hui la femme, parce qu’il y a une urgence à apprendre à gérer en commun ce monde, cette planète qui nous accueillis tout au début de l’humanité. Pour ne plus nous contenter d’y survivre mais de veiller à sa protection, à son entretien, à établir avec la Terre une relation maternante, une relation d’amour et de bienveillance. Car je crois que les femmes ont cette qualité innée, profonde, toujours vivace de veiller à la conservation de la vie.

Jacques Salomé est, entre autres, l’auteur de :

  • Et si nous inventions notre vie. Ed. du Relié
  • Une vie à se dire. Pocket
  • Aimer et se le dire. Ed. de l’Homme.

Author: Salomé Jacques

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