La hernie discale
Une hernie discale n'est pas une bombe
Par Sébastien Plante
Voici une nouvelle chronique éducative pour démystifier l'hernie discale.
Le terme hernie signifie simplement la sortie d’une substance ou organe à travers une cavité et le terme qui suit désigne la région affectée, par exemple: hernie inguinale, hernie ombilicale, hernie discale. Une hernie discale n’est pas une « bombe ». Elle se traite habituellement bien si l’on suit les recommandations. C’est une protrusion du noyau du disque intervertébral habituellement vers l’arrière. Pour l’illustrer, comparons-la à un beigne avec de la crème au centre. Si vous appuyez sur le devant du beigne, la crème va chercher à sortir vers l’arrière; c’est ce qui se passe avec le noyau du disque. Aussi longtemps que le noyau reste à l’intérieur du disque, les gens n’éprouvent pas de douleur car le disque n’est pas innervé.
Mais à force de se faire comprimer (par la gravité, par une mauvaise posture, par un surplus de poids, etc.), le noyau s’infiltre graduellement dans l’anneau fibreux du disque (protrusion) et il se produit une fissure dans le disque. Lorsque le noyau est propulsé vers l’arrière, il n’y a pas de douleur jusqu’à ce qu’il vienne en contact avec les ligaments vertébraux postérieurs qui, eux, sont très innervés. C’est souvent la première alerte indiquant que quelque chose ne va pas et la personne commence à éprouver une douleur lombaire. Cette douleur est pire au réveil et en fin de journée. Elle est augmentée par la position demi-fléchie et par la toux. Parfois, la personne peut « barrer » du dos car les muscles spinaux lombaires vont se spasmer pour prévenir davantage la protrusion du noyau. Si cette situation n’est pas corrigée (la personne ne consulte pas, elle endure sa douleur, elle ne fait pas attention à sa posture ou aux recommandations qui lui ont été faites), le noyau peut continuer sa course, traverser les ligaments et devenir une hernie discale sans signes neurologiques. S’il comprime une ou plusieurs racines nerveuses, nous verrons alors apparaître des signes neurologiques tels qu’une diminution de réflexe, une perte de sensation cutanée et une perte de force dans une ou deux jambes. L’hernie discale se traite de la même façon qu’un problème discal, mais la récupération est plus longue lorsqu’il y a présence de signes neurologiques.
Parfois, une épidurale est nécessaire. Si l’hernie est trop sortie et comprime les racines nerveuses ou la moelle épinière, une opération sera immédiatement envisagée. Une hernie discale n’est jamais produite par un traumatisme mais bien par l’accumulation de traumatismes. Il a été prouvé qu’un traumatisme direct avec une force de compression excédant ceux que nous subissons sur un disque sain ne produit pas d’hernie discale. Pour la traiter, il faut privilégier les exercices d’extension qui favorisent le glissement du noyau vers l’intérieur. C’est comme si vous appuyiez sur l’arrière du beigne pour faire rentrer la crème au centre. Pour la région lombaire, couchez-vous sur le ventre et, en vous aidant de vos mains, arquez votre dos vers l’arrière jusqu’à ce que votre nombril décolle du sol.
Faites 3 séries de 15 répétitions quelques fois par jour. Pour renforcir votre dos lorsqu’il n’y a plus de douleurs aiguës, faites les exercices de stabilisation lombaire proposés dans le livre best-seller« Vaincre la douleur et la maladie ». Ce sont d’excellents exercices que vous devriez faire en prévention 3 fois par semaine pour prévenir une récidive. J’ai simplifié l’explication quelque peu pour que vous compreniez le phénomène et la façon de le traiter car, en réalité, c’est beaucoup plus complexe que cela. Il se produit une réaction inflammatoire locale avec une libération de substances chimiques qui engendrent la douleur. Lorsque cette inflammation s’est résorbée, les douleurs disparaissent souvent, même si l’hernie est toujours présente. La majorité des hernies discales surviennent au niveau vertébral L4-L5-S1 et C4-C5-C6, car ce sont des zones d’adaptations et d’hypermobilités fréquentes; c’est là que le disque s’use. Les hernies discales sont peu présentes dans les zones de rigidité. Lorsque l’inflammation irrite les racines nerveuses L4-L5-S1, qui constituent l’origine du nerf sciatique, vous ressentez des douleurs à la face postérieure de la jambe. C’est pour cette raison que les gens souffrant d’une douleur à la face postérieure de la jambe affirment tout de suite que c’est le nerf sciatique qui est en cause. Ce n’est pas toujours le cas.
Lorsque le nerf sciatique est vraiment en cause, il faut trouver l’endroit où il est irrité, et ce n’est pas toujours au niveau lombaire. Si la douleur ne descend pas en bas du genou, il est peu probable que ce soit le nerf sciatique qui soit en cause. C’est le même principe avec le membre supérieur et les racines nerveuses C5-C6-C7. Sur une note positive, le noyau du disque est composé d’un liquide qui s’assèche avec les années. Donc au-delà de 60 ans, il est plus rare de rencontrer quelqu’un qui souffre d’une hernie discale. De plus, plusieurs études démontrent que les résultats à long terme entre une personne opérée pour une hernie discale et une personne non opérée sont similaires. Finalement, si les douleurs dans la jambe persistent malgré une opération, comme c’est parfois le cas, ce n’est plus l’hernie qui est en cause. À la suite de l’opération, comme toute opération d’ailleurs, il se forme des adhérences en profondeur qui limitent la mobilité de la racine nerveuse.
Dans ces cas, des traitements de mobilisation neurale sont très efficaces et la majorité des intervenants en physiothérapie et ostéopathes connaissent ces techniques. Parfois, la cause réside au niveau du petit bassin. Si les muscles du plancher pelvien demeurent tendus, cela peut irriter les racines nerveuses qui passent à cet endroit et perpétuer la sciatalgie. Finalement, le point le plus important à mes yeux est et restera toujours la prévention. Si vous avez une bonne posture et appliquez les recommandations concernant l’aspect postural à l’effort, vous minimiserez vos chances de développer une hernie discale. N’oubliez pas, lorsque vous êtes assis, tenez vous droit et conservez votre lordose lombaire. Pour les gens qui restent assis de longues heures au travail ou en voiture, procurez-vous un bon coussin lombaire. Ne faites jamais d’efforts pour soulever un objet en flexion lombaire; gardez votre dos droit, pliez vos genoux et forcez avec vos jambes. Ne forcez jamais à bout de bras; prenez les objets près de vous.
Évitez les efforts impliquant un mouvement de torsion. Si vous avez à être à demi penché pendant un certain temps, appuyez votre pied sur un petit tabouret, cela enlèvera une partie de la charge sur la région lombaire. Par exemple, si vous vous rasez ou faites la vaisselle, ouvrez la porte du comptoir et appuyez votre pied sur la tablette du bas. Si vous forcez pour soulevez un objet, contractez vos abdominaux avant de soulever la charge, cela enlèvera environ 30% de la charge sur le disque. De plus, si vous avez déjà souffert de douleurs lombaires, vous avez tout intérêt à renforcir le muscle transverse de l’abdomen car ce muscle est le principal stabilisateur de la région lombaire et il s’inhibe lors de douleurs. Si vous ne le renforcez pas, il ne se mettra pas en action automatiquement et vous aurez tendance à vous blesser à répétition.
Pour connaître les problèmes physiques les plus souvent rencontrés et la façon de les traiter, consultez le livre best-seller Vaincre la douleur et la maladie.