Ennui

L'ennui


Dans la ménagerie infâme de nos vices,
II en est un plus laid, plus méchant, plus immonde !
[…] C'est l'Ennui !
Charles Baudelaire, Les Fleurs du mal
(L'ennui est un sentiment aussi bien durable qu'éphèmère de démotivation et de désintéressement.)

Se confronter à une temporalité vide

Dans l’existence quotidienne, lorsque nous sommes occupés par une activité qui fait que nous poursuivons certaines fins, on sait bien que c’est la finalité de nos activités qui leur donne sens, que ce soit d'ailleurs vectoriellement ou dans leur contenu de signification.

C’est dans cette quotidienneté que peut survenir un ennui mécanique, i.e. un ennui au sens de quelque chose qui viendrait interrompre une activité, qui viendrait en différer la continuité temporelle entraînant l'individu à s'occuper avec autre chose (ex. : je suis dans ma bagnole sur la route, paf, une durite pète, en attendant la dépaneuse, je m'occupe en comptant le nombre de poils sur mon bras gauche).

Mais l’ennui peut aussi être rencontré à propos d’une activité trouvée elle-même ennuyeuse. Dans ce cas, c’est l’activité en propre qui ne retient pas notre attention, ce n’est donc pas une cause extérieure qui en vient interrompre le processus mais l’activité elle-même qui devient vide d’une fin digne de s’y intéresser : on cherche alors à s’en distraire au moyen d’un passe-temps, puisqu’il s’agit bien de faire passer le temps malgré tout (cf. la description dans les Concepts fondamentaux de la métaphysique que fait Heidegger d’un homme s’ennuyant dans une salle d’attente).

Dans l’ennui, on regarde tout le temps l’heure pour s’assurer que le temps passe car on y est exposé à une temporalité vide qu’on s’empresse de combler.

Reste qu’il existe un ennui plus radical que ces deux ennuis : dans ce cas, l’individu s’ennuie lui-même et de lui-même. Nous sommes bien entourés de tous les objets qui habituellement constituent pour nous les moyens de donner sens à nos activités mais pourtant plus rien n’est susceptible de s’inscrire dans une quelconque temporalité finalisée.

L’individu sait pertinemment qu’il retrouvera la temporalité finalisée de ses activités quotidiennes mais il est pourtant submergé par une absence complète d’appétence, pire que cela, un véritable dégoût de lui-même, un désespoir qui le rapporte à sa propre temporalité vide.

Ce ne sont pas tant les objets qui posent problème plutôt que moi-même confronté à une absence de fin et donc à une absence de signification : je ne suis alors plus rien d’autre que cette « temporalité vide et insensée » (Fragment 132 in Les Pensées de Pascal).

Ennui. (2006, mai 13). Wikipédia, l'encyclopédie libre. Page consultée le 14:41, mai 19, 2006 à partir de http://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Ennui&oldid=7251151.

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