Yoga et relaxation

Yoga et relaxation

Le yoga est véritablement la science de la relaxation

La théorie, les principes et les techniques du yoga visent à installer à tous les niveaux de la personnalité un état conscient et relâché, propice à l'épanouissement de notre potentiel intérieur. Peut-on se libérer complètement des tensions ? Paramahamsa Satyananda affirme que « les tensions sont les épices de la vie. » Elles existent en nous, dans le contexte familial, professionnel et social, entre les peuples, les religions et les nations. Nous cherchons la paix et l'harmonie, mais ces qualités ne sont mises à l'œuvre ni en nous-mêmes ni dans le monde. Notre existence ressemble plutôt à un « champ de bataille ». C'est d'ailleurs à cette image que se réfèrent certains écrits de la philosophie hindoue, la Bhagavad Gita notamment.

Bien que nous ne puissions pas échapper aux conflits de la vie, il nous est en revanche possible de changer notre façon de les aborder. Cette transformation, ce lâcher prise constitue le but du yoga.

Les tensions sont de nature physique, mentale et émotionnelle

Le corps est l'espace privilégié où nos crispations se fixent de façon évidente. Souvent, leur origine n'est pas seulement physique mais le reflet d'un blocage énergétique, mental ou émotionnel. Les tensions mentales sont omniprésentes dans nos sociétés : le progrès technologique et le rythme de vie génèrent beaucoup de contraintes, exigent une grande mobilité et des apprentissages quasi permanents. Sur le plan émotionnel, nous rencontrons également des écueils importants. Nous avons du mal à accepter et à exprimer nos sentiments, et nous les refoulons la plupart du temps pour garder un certain confort et une image acceptable de nous-mêmes. Nous sommes d'autre part très « incultes » dans ce domaine car nous ne savons pas extérioriser nos ressources profondes d'amour et de compassion.

La relaxation est un mécanisme inconscient

La volonté est impuissante à créer un véritable relâchement. Si nous essayons de nous détendre par un effort volontaire, nous créons une tension supplémentaire. Même quand une amélioration se profile, elle reste transitoire. Les mêmes tensions resurgissent à la moindre occasion ou bien elles se montrent sous un autre jour, une maladie ou un nouveau comportement. Il est donc souvent préférable de ne pas mettre en jeu une intention délibérée. Le yoga s'avère un outil extrêmement précieux, parce qu'il utilise des moyens détournés, comme le corps, le souffle ou le son, pour produire une réelle détente et éviter des confrontations trop directes avec les causes sous-jacentes.

La relaxation n'est pas un processus passif

Que nous soyons immobiles ou en mouvement, le yoga préconise de suivre un processus précis, afin d'induire une détente active en maintenant le fil conducteur de l'exercice. Au départ, nous sommes guidés par un professeur et dans ce cas, nous suivons ses instructions. Mais lorsque l'on connaît bien la pratique, il est recommandé d'apprendre à la conduire soi-même. Dans cette perspective, il est préférable de garder la même méthode, pour que le mental se fasse ses propres repères et retrouve son chemin. Il n'est pas toujours facile d'être à la fois celui qui donne une instruction et celui qui l'exécute. Cependant, quand cette faculté s'affirme, nous gagnons en maîtrise, ce qui conduit à un relâchement intérieur.

La relaxation sur le plan physique : pawan muktasanas, asanas et détentes

La relaxation peut être acquise dans le mouvement ou à travers l'immobilité du corps. Les débutants en yoga, les personnes âgées ou stressées, ont tout intérêt à commencer par une relaxation de type dynamique. Ce travail s'effectue grâce à des postures simples, notamment les pawan muktasanas, l'une des avancées les plus remarquables du Yoga Satyananda. Plus classiquement, la relaxation se fait en situation immobile, que ce soit allongé ou assis, car l'immobilité devient elle-même un facteur de détente si elle n'est pas forcée. En effet, hormis pendant le sommeil, nous sommes rarement dans une fixité prolongée. C'est pourtant la condition pour se recharger en énergie et calmer les activités mentales.

Les pawan muktasanas

« Pawan » signifie vent ou prana, « mukta » veut dire libérer et asana posture. Ainsi, les pawan muktasanas dénouent toute forme de blocage qui entravent la libre circulation de l'énergie dans le corps et le mental. On les connaît aussi comme les « exercices subtils ». Simples et répétitifs, ils semblent à première vue anodins et sont souvent mésestimés. Cependant, ils demandent une grande finesse et constituent un atout indéniable de la relaxation dynamique. En associant mouvement, respiration et attention soutenue, ces pratiques restaurent un mieux-être physique et participent à une profonde détente mentale. De plus, la sphère émotionnelle va s'apaiser par la répétition d'exercices faciles, n'offrant aucun enjeu. Ils nous enseignent aussi, sans en avoir l'air, à nous occuper de nous-mêmes tout en desserrant l'identification à notre véhicule corps – mental, ce qui n'est pas la moindre de leurs vertus.

Les postures ou asanas

Elles apportent une détente physique basée sur l'alternance entre des contraires : contraction /relâchement, flexion/extension, compression/dilatation. Elles permettent de libérer le corps des blocages énergétiques et d'installer un équilibre entre les énergies duelles, droite et gauche, vitale et mentale, stimulante et calmante. Cependant, pour que les asanas agissent en ce sens, il est nécessaire de suivre certains principes et de pratiquer selon une méthode progressive. Notons quelques recommandations à ce sujet :

– Une posture se fait avec l'aide du souffle. C'est lui qui guide l'exécution, détend les parties du corps sollicitées, calme le mental et permet de vivre l'exercice de l'intérieur, les yeux clos.

– Le même soin doit être apporté, quand on met en place la posture, quand on la tient et lorsqu'on la quitte.

– Avant d'entreprendre un asana dans sa forme statique, il est utile de commencer par une version dynamique, pour associer progressivement le travail du corps, le souffle et la conscience.

– Oublier l'objectif : même s'il existe une forme accomplie de l'asana, l'important est de privilégier sa propre posture qui correspond au degré d'accomplissement possible à un moment donné. En évitant de céder à des réflexes d'imitation, de comparaison ou de performance, on intègre objectivement les notions de respect et d'écoute de soi, tout en restant fidèle à la technique.

– Etre observateur de la posture qui se déroule à travers le corps. C'est le pratyahara de l'asana, le fait de pouvoir se détacher de l'exécution pure : une fois la pratique connue, l'idée de « faire » doit tomber au profit du senti et de l'observation du corps et du mental.

– Respecter des moments de détente et d'écoute intériorisée entre les postures, sans perdre le fil de la vigilance.

La relaxation allongée

Afin de contourner l'intervention intempestive de la volonté, le yoga préconise d'éviter des injonctions telles que « Détendez-vous ». Il utilise deux principes, la prise de conscience du corps et le déplacement de l'attention. C'est en aiguisant notre perception des différentes parties physiques et en déplaçant notre attention d'un endroit à l'autre que nous pouvons produire un relâchement profond. Cette rotation de la conscience crée une vague de détente dans le complexe moteur du cerveau. Citons par exemple la pratique allongée basée sur les treize points d'appui du corps sur le sol (talons, mollets, fessiers, dos des mains, coudes, omoplates et crâne) : nous passons en revue ces zones privilégiées avec une sensation de lourdeur qui se précise sur chaque expiration. Puis nous percevons l'ensemble de ces points en accentuant l'impression générale de pesanteur. Ce même principe de rotation initialise les différentes étapes du yoga nidra, pour nous permettre d'atteindre des niveaux plus reculés de notre être.

Swami Brahmatattwa et Swami Devanath

Centre de Yoga de l'Aube, 10210 Chesley. Tél : 03 25 70 06 40

E.mail : [email protected]

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